Iftar et sohour

Jeudi 31 Mai 2018-00:00:00
' Père Gérard Viaud

Entre l’iftar et le sohour, tout le monde peut manger pendant le mois de Ramadan et les cuisiniers et cuisinières se tuent en imagination afin de préparer les meilleurs plats possibles. En effet, pendant ce mois, c’est une rude tâche que doivent assumer ceux qui préparent les repas dans les maisons ou les restaurants, car tout le monde veut bien manger.

Les menus peuvent être fort simples comme aussi très compliqués et très diversifiés. Pendant ce mois, toutes les couches de la population dépensent énormément pour la nourriture et les friandises spécialement confectionnées pour la célébration des nuits de ce mois de jeûne.

Pour l’iftar et le sohour, il existe des menus traditionnels en de nombreuses familles. Au moment de l’iftar, il faut commencer par boire une grande rasade d’eau ou un verre de jus de réglisse, qui a la vertu de mettre en appétit et en forme. Certains boivent du jus d’orange, alors que d’autres gardent ces orangeades pour la fin du repas avec les douceurs.

Les menus varient selon la saison en fonction des légumes et des fruits qui se trouvent sur les marchés. Les cœurs d’artichauts farcis ont la primeur, quand il y en a. Les poulets farcis de «férik» ou blé dur se mangent en toutes saisons. Une soupe de jus de viandes ou de légumes avec des «langues d’oiseaux» (sortes de pâtes alimentaires) est toujours la bienvenue. Une salade verte accompagnera l’iftar composée avec les produits de la saison et les desserts sont très nombreux, dont la célèbre kounafa.

Les menus du sohour sont beaucoup plus légers et peuvent consister en une omelette, du fromage, du yogourt (zabadi), du foul «medammes», fèves préparées d’une manière spéciale. Le foul est spécialement recommandé car il empêche l’estomac de ressentir la faim. Le sohour s’achèvera sur un jus d’orange. Entre le sohour d’avant l’aube et l’iftar d’après le coucher du soleil, les croyants ne peuvent ni boire ni manger et, bien entendu, il est interdit de fumer.

 

La rencontre de l’iftar

L’iftar du mois de Ramadan est un haut point de rencontre en Egypte. Les responsables politiques et religieux ne manquent pas de le faire remarquer. Ces mêmes responsables soulignent chaque année, à l’occasion de cet iftar, que l’unité nationale entre Musulmans et Chrétiens est une réalité concrète dans un pays de cohabitation pacifique des deux religions depuis de nombreux siècles.

A l’occasion du mois de Ramadan, chaque communauté religieuse organise un iftar. Mais ce qui est beaucoup plus profond que ces manifestations officielles, c’est la vie au quotidien parmi le peuple à l’ombre des minarets des mosquées et des clochers des églises.

En effet, les gens ont l’habitude de s’inviter mutuellement à l’iftar pendant le mois de Ramadan. La famille musulmane invite ses voisins ou ses amis chrétiens et ces derniers organisent un iftar pour leurs proches musulmans. L’iftar est devenu de la sorte plus qu’un symbole, mais une réalité de cette unité nationale.

De plus, au moment de la fête du Petit Baïram, les familles musulmanes offrent des «kahk» et des biscuits à leurs amis et voisins chrétiens. Ces derniers, à leur tour, feront la même chose au moment des fêtes de Noël, car ces gâteaux font partie des traditions des fêtes du Petit Baïram et de Noël.

Il en sera de même pour les fêtes du Grand Baïram et de Pâques. Alors ce sera de la viande du mouton qui est offerte.

Ces marques extérieures de fraternité concrétisent un état de fait et mettent en valeur les vœux et les souhaits qui sont échangés entre Musulmans et Chrétiens à l’occasion de ces célébrations religieuses quand ils se disent: «Que chaque année te trouve en bonne santé».

Autre signe d’unité nationale en Egypte, ce sont les visites rendues à l’occasion du retour du pèlerinage de la Mecque pour les Musulmans et de Jérusalem pour les Chrétiens. Il faut alors féliciter l’heureux pèlerin, qu’il soit «hag» ou «mokadess». Malheureusement, actuellement, ils sont rares les Chrétiens qui se rendent en pèlerinage en Terre Sainte.

Ainsi, l’unité nationale n’est pas un mot en Egypte, mais une réalité vécue au quotidien et surtout au moment des fêtes. Quant il y a une fête en Egypte, c’est tout le pays qui la célèbre. En plus des fêtes musulmanes et chrétiennes, il y a le Nouvel An et le jour de Cham El-Nessim qui sont célébrées par tout le monde.